L'accouchement a toujours été une affaire de femmes, que l'accoucheuse soit appelée la "femme qui aide", la "mère tire monde", la "bonne mère ou la "matrone". Et ce depuis l'antiquité . Dans la France rurale classique, la naissance ne s'envisage guère sans l'accoucheuse . Le plus souvent, elle a lieu devant la cheminée, au milieu des parentes et voisines . L'homme est interdit d'entrée dans cette sphère où la pudeur fait loi . A mi-chemin entre la communauté et l'intimité des familles, l'accoucheuse joue un rôle qui, de plus en plus, va se médicaliser .
DE LA MATRONE ANALPHABÈTE
La matrone n'a souvent qu'une manière de faire empirique, la confiance du village et quelques couches heureuses pour asseoir sa réputation . Et dans sa mallette, peu de matériel : surtout des mots encourageants et des petits secrets transmis de génération en génération . La bonne matrone routinière de village ou de quartier est celle qui peut intervenir à tout moment, donc ne pas être gênée par ses propres enfants, tout en ayant vécu elle-même l'enfantement . D'où le nombre de matrones d'âge avancé ou veuves . En 1786, 1 matrone sur 5, seulement, à moins de 50 ans ...Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, on tente d'organiser l'exercice des matrones, l'Eglise en tête, soucieuse de contrôler les superstitions . On permet une seule accoucheuse pensionnée par paroisse, qui doit connaître les formules consacrées du "petit baptême", prêter serment et présenter de bonnes moeurs .
....A LA SAGE FEMME FORMÉE A L'ÉCOLE DE LA VILLE
Au XVIe et XVIIe siècle, on trouve dans les grandes villes des sages-femmes plus instruites . Certaines imposent leur tour de main dans les milieux les plus aisées, telle Louise Bourgeois qui accouche Marie de Médicis .
A partir du XVIIIe siècle, pour pallier la forte mortalité en couches, tant de la mère que de l'enfant, les praticiens diffusent leur enseignement au moyen de petits manuels . La profession, un métier à part entière maintenant, attire de plus en plus de jeunes femmes lettrées, issues de la petite bourgeoisie, de la boutique, ou bien des filles ou des femmes de chirurgiens . Les conditions d'exercice de l'accouchement sont réglementées, incluant les premiers soins aux nouveau-nés . Une entreprise de dénigrement des vieilles matrones "assassines, sales et imprévoyantes" est menée .
La sage-femme passe alors sous la surveillance des chirurgiens, dont elle dépend juridiquement . Dans les faits, la maternité de l'Hôtel Dieu de Paris reste longtemps la seule véritable école d'obstétrique, ouverte à peu d'élues . C'est vers 1760 qu'apparaissent les premiers cours publics . En sillonnant la France avec sa "machine à démontrer l'art des accouchement ", Mme Ducoudray dispense alors une formation élémentaire . Au final, l'entreprise, relayée localement par des chirurgiens-démonstrateurs, a touché 10 000 sages-femmes .
QUAND L'ACCOUCHEUR S'EN MÊLE
En faisant appel à un chirurgien pour les couches de Louise de La Vallière, en 1663, Louis XIV est à l'origine de la fortune de "l'homme de l'art" . La mode est lancée auprès des grandes dames, puis gagne les classes urbaines dans la seconde moitié du XVIIe siècle . Dans les campagnes, la résistance perdure : on continue à solliciter les anciennes matrones, connues de tous et moins coûteuses, une habitude qui va continuer jusqu'au XXe siècle .
Au XVIIIe siècle, le recours à un praticien se généralise dans les bonnes familles, surtout en cas de complication . Il est seul habilité à recourir aux forceps, instruments nouveau-venus dans l'obstétrique moderne, et à pratiquer la césarienne . Sa science inspire confiance et la pudeur passe après le désir de sécurité . La sage-femme et l'accoucheur se partagent désormais les tâches, le second intervenant dans les accouchements dits "contre-nature", outils en mais ! En perspective, se dessine alors la médicalisation de l'accouchement ......
Application de la coriandre, lors d'un accouchement .
Madame de Ducoudray (1714-1789) sage-femme jurée du Châtelet de Paris
Un accouchement au XVIIe siècle
http://www.facebook.com/BERNE.genealogiste
Création d’entreprise
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