Il est assez fréquent aujourd'hui de décéder "ab intestat", c'est-à-dire sans avoir pris la précaution de rédiger un testament . Sous l'Ancien Régime, c'était un fait assez rare . Même les paysans, représentant 80 à 85 % de la population avaient pour habitude de dicter leurs dernières volontés à un notaire de village, faute d'alphabétisation suffisante pour rédiger eux-mêmes un testament .
TROIS TYPES DE TESTAMENTS
Le testament est un acte de libéralité qui ne produit aucun effet tant que le testateur vit . En outre, il peut être révoqué jusqu'au dernier moment par un nouveau testament ou modifié par codicilles successifs . Il doit être individuel : plusieurs personnes ne peuvent tester par le même acte . Mais n'importe qui peut faire un testament s'il est sain d'esprit et s'il a plus de seize ans . Le testament peut-être :
- olographe, c'est-à-dire écrit et signé par le testateur qui doit le dater : jour, mois, an ;
- public ou authentique, c'est-à-dire dicté à un notaire en présence de deux témoins, puis lu au testateur en présence des témoins ;
- mystique ou secret, c'est à dire écrit par le testateur ou par un tiers, mais signé du testateur, remis clos et scellé à un notaire qui en présence de deux témoins dresse un acte de suscription sur l'enveloppe .
OU LES CONSULTER ?
UNE PRIERE DEVANT NOTAIRE
Comme le riche laboureur de la Fontaine, l'aïeul malade, "sentant sa mort prochaine", avait pour habitude de convoquer un notaire . "Gisant au lit", sain d'esprit mais plus de corps, avant d'envoyer quérir le curé, il dictait à l'homme de loi "ces dernières volontés", ne sachant probablement pas, s'il était paysan, écrire lui-même .
Avant de préciser les modalités du partage entre cohéritiers, le testament contient d'abord une sorte de "prière enregistrée devant notaire" selon la formule de Pierre Charnu . Le testateur invoque en préambule le nom de Dieu tout-puissant, son saint patron à qui il doit son prénom, la Vierge, le saint local de la paroisse . Il invoque enfin l'Esprit-Saint : invocation trinitaire (le Père, le Fils et le Saint-Esprit), et christocentrique (Christ rédempteur). cela ne prouve pas qu'il soit d'une piété rare . Les formules qu'il énonce sont toutes prêtes : un condensé en dix lignes de la religion du concile de Trente . Tous les testaments d'un même registre se ressemblent .
LA TRANSMISSION DES BIENS
Le corps du testament contient, bien entendu, les dispositions du testateur concernant la répartition de sa fortune . Dans le monde rural, elles suivaient en général le schéma suivant :
LA MAISON POUR LE FILS AINE
Le père lègue sa maison à son fils aîné, qui y vit déjà avec sa femme et ses enfants . On croit souvent qu'autrefois "on gardait les vieux" . C'est faux, les vieux étaient chez eux . C'étaient eux qui hébergeaient les jeunes .
L'aïeul donne aussi à ce fils aîné deux ou trois champs, dont celui-ci jouit déjà depuis son mariage . Il en lègue deux ou trois autres à ses autres fils . La répartition avait été faite en général lors des contrats de mariage de chacun des enfants .
LES DOTS POUR LES FILLES
Ses filles, le testateur les exclut de sa succession puisqu'elles ont déjà reçu leurs dots, qui sont en fait "des avancements d'hoiries (héritage)" . Mais il confirme ces dots, dont elles vont enfin pouvoir jouir, au grand soulagement des gendres, généralement furieux de voir leur beau-père s'éterniser en "estat de vétusté" (très âgé) . un vieillard qui ne participe plus aux travaux de la famille devient vite une "bouche" de trop à nourrir en ces temps de disettes ....
C'est aussi pour une question de subsistance que les femmes n'entraient généralement en possession de leurs dots qu'à la mort du père : ce dernier n'aurait plus pu se nourrir, lui, sa femme et ses fils, s'il leur avait donné jouissance de tel ou tel champ dès la mariage . La situation patrimoniale du père devait en outre impérativement se rétablir lorsque les fils se mariaient, les dots des épouses de ceux-ci compensant les pertes des dots faites à ses propres filles . D'où la nécessité de mariage "assortis" pour raison alimentaire ....
LES DERNIERES VOLONTES ....
Dans son testament, l'agonisant indique le lieu où il veut être enseveli . Confiant en la résurrection, il précise aussi fréquemment le nombre de messes qu'il veut entendre depuis le ciel : dx mille s'il est très riche, cinq mille s'il est aisé, une seule tous les ans pour le jour de sa fête ou de l'anniversaire de sa mort s'il n'a que peu de revenus .
Enfin, pour racheter ses fautes d'ici-bas et gagner plus vite le paradis, le testateur multiplie les legs pieux . Il laisse donc, suivant ses moyens :
- quelques sous ou quelques livres aux pauvres qui devront suivre ses obsèques, avec ou non un cierge allumé à la main ;
- un peu d'argent aux "pauvres honteux" du village : vagabonds et mendiants
- un peu d'argent pour marier les filles du village dépourvues de dots ;
- une forte somme pour soigner à perpétuité "un incurable à l'hôpital"...
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