Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les pratiques païennes se perpétuent en France . Enfouies au plus profond des terroirs, interdites pendant des siècles par les autorités religieuses, elles connaissent aujourd'hui une véritable renaissance, renouant avec les anciennes croyances dans la force des dieux des arbres et des sources, fertilisant des rituels magiques parfois étranges, souvent inquiétant .
UN ÉTONNANT JARDIN DE PLANTES
Les celtes croyaient que les végétaux possédaient des vertus magiques .
L'aubépine était réputée protéger de la foudre, le houx était censé conférer l'immortalité, et le gui de chêne, dont le feuillage symbolisant la force et le courage, était utilisé pour soigner l'épilepsie . Les arbres étaient souvent un objet de fascination et quelquefois de frayeur, car ils abritaient de puissantes divinités . Le chêne était le maître des arbres sacrés, à la fois nourricier, car on pouvait récolter ses glands, et protecteur, en raison de sa longévité .
Malgré l'acharnement de la Contre-Réforme à lutter contre le paganisme, souvent par la torture et l'exécution de centaines d'individus, ces croyances animistes n'ont pas disparu de la mémoire collective . Ainsi, à Lucheux, dans la Somme, le tilleul à mariage attire toujours les futurs époux, qui viennent s'embrasser sous ses branchages dans l'espoir que leur union soit le plus heureux possible . A Cheillé, dans l'Indre-et-Loire, le célèbre chêne à prières est traditionnellement visité par les chercheurs de trésors . Plus érotiques, le culte de Pouligny-Saint-Pierre, dans le même département, est lui resté vivace . Il est réputé rendre aux hommes le goût des étreintes brûlantes . Les postulants s'allongent nus dans le creux d'une pierre en forme de vulve et frottent leur pénis contre ses parois rugueuses afin de stimuler leurs ardeurs phalliques .
LES ARBRES A LOQUES
L'un des cultes païens les plus mystérieux pratiqués aujourd'hui encore en France est certainement celui des arbres à loques . Les fervents viennent de nuit, seuls ou par petits groupes, suspendre dans les branches d'un arbre des vêtements, chaussons, layette ou chemises appartenant à des malades proches . Cette besogne accomplie, ils invoquent les forces majestueuses de la nature pour obtenir les faveurs des dieux des forêts et des bosquets . Ces pèlerins, issus de toutes les couches sociales, célèbrent un culte venu du plus profond des âges, en psalmodiant de curieuses litanies gutturales, mélange d'ancien gaulois et de langue germanique . On peut citer l'exemple de Thérèse Robin, agent comptable dans une grande surface de Châteaubriand, qui, à l'automne 1989, est venue tous les soirs en secret pendant cinq jours invoquer les bonnes grâces de sainte Pataude sur "la tombe à le Fille ", au milieu de la forêt de Teillay . Dans ses prières, elle demandait la guérison de sa mère, victime d'une paralysie faciale et condamnée par le corps médical . Pour conforter les forces invisibles, elle avait suspendu aux branches d'un if un foulard appartenant à sa mère . Hasard ou intervention des forces invoquées, toujours est-il que sa mère sortit de l'hôpital au bout d'une semaine, en bonne santé .Aujourd'hui, le culte continue, et la tombe est toujours recouverte de tulipes, de camélias et de centaines de lettres adressées à sainte Pataude qui lui demandent santé, amour, travail et ....des gains au Loto . Derrière la tombe, suspendus à des branches, des vêtements de malades flottent au vent, et, dans la fraîcheur du soir, des petits groupes prient . La légende veut que la tombe fleurie soit celle d'une jeune républicaine torturée et pendue ici même il y a plus de deux cents ans par les chouans .
Les pratiques magiques ayant lieu sur la tombe à la Fille ne sont pas des cas isolés . La presse régionale cite régulièrement des exemples qui perpétuent le culte des arbres à loques et qui reproduisent sans en avoir connaissance les anciens cultes druidiques . Ainsi, à Sénarpont, dans la Somme, les fervents viennent de toute la Picardie pour appeler la protection des dieux forestiers et de saint Claude, en suspendant aux branches d'un orme des loques, chaussons, chaussettes et vestes appartenant à des malades dont on souhaite ardemment la guérison . Certains dimanches, on compte plus de cent personnes priant autour de l'arbre sacré . Avec humour, les gens des alentours surnomment le site l'friperie d'saint-Gleude .
La pierre aux Fièvres, située dans la cathédrale du Puy-en-Velay, est l'objet d'un véritable culte de la part de fidèles atteint de maladies, qui viennent s'y allonger dans l'espoir de guérir
Le calvaire à loques à Morbecque (Nord) est toujours visité par des croyants qui viennent y déposer des habits et des linges, priant le Christ pour qu'il sauve des parents mourants
Le culte des arbres à loques est aujourd'hui encore pratiqué en France, notamment dans le département du Nord
Le Ziekelinde, ou tilleul des Malades, à l'Haendries (Nord), attire aujourd'hui encore de nombreux visiteurs, qui viennent y adresser leurs prières et suspendre des loques à ses branches
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