Pour l'humanité, le besoin de se procurer du feu a constitué, dès l'origine, une préoccupation majeure . Dans ce contexte, l'apparition de l'allumette chimique au XIX ème siècle a représenté un progrès majeur .
Bâtonnet de bois, de carton ou de cire, dont l'une des extrémité est enduite d'une préparation chimique, l'allumette est d'abord fabriquée par de petits allumettiers, avant de faire objet d'un monopole d'état, lié à celui du tabac .
LES PREMIERS FEUX DE L'ALLUMETTE
L'allumette est le fruit d'une lente succession de progrès dans le domaine de la chimie, dont les premiers pas commencent au XVII ème siècle . Elle se présente d'abord comme un bout de bois soufré aux deux extrémités, dont l'inflammation résulte de son contact avec un feu . Par la suite, le phosphore et le chlorate de potassium, deviennent les principaux constituants de l'allumette dite chimique, qui, cette fois-ci, s'allume par friction . Le phosphore blanc est dangereux et on essaie de le remplacer par du phosphore rouge, puis par du sulfure d'antimoine, et enfin en 1897, par du sesquisulfure de phosphore .
LES PETITS ALLUMETTIERS
Jusque dans les années 1870, la fabrication et la vente des allumettes relève de l'initiative privée . Les allumettiers sont de petits artisans ou des paysans qui complètent leurs revenus . Le travail se divise en deux opérations : la confection des bâtonnets et celle du bouton chimique . Les bâtonnets sont généralement fabriqués en bois . Les premiers allumettiers les taillent au couteau ce qui donne des résultats assez inégaux . Lorsqu'on commence à produire en grande quantité, les ateliers se dotent de scies circulaires actionnées par des manèges à chevaux, avant que n'apparaissent, vers 1850, les machines à vapeur .
LE MONOPOLE D'ÉTAT
Suite à la ruine financière provoquée par la guerre de 1870, l'état décide d'une taxe prélevée chez l'allumetier et certifiée par une vignette ou un timbre collé sur les paquets ou les boites . Mais cet impôt rapporte peu en raison de la fraude, ce qui conduit l'état à établir un monopole sur la vente et la fabrication des allumettes, le 2 août 1872 . Ce monopole est affermé à la Compagnie générale des allumettes chimique et signe l'arrêt de mort de centaines d'entreprises qui sont remplacées par 11 usines d'état . Devant les mauvais résultats et la piètre qualité des allumettes, le gouvernement finit par exploiter directement ses usines en 1890 . Malgré une brève suppression en 1924, le monopole persiste et donne naissance en 1926 à la S.E.I.T.A qui s'occupe aussi du tabac .
UN MÉTIER A HAUT RISQUE
On peut imaginer aisément les dangers encourus par les allumettiers . Mais ce sont les vapeurs toxiques qui tuent le plus, car elles provoquent des nécroses de la mâchoire et du poumon .
Pour parer à ces dangers, les ouvrières reçoivent une cuvette remplie d'essence de térébenthine censée limiter les vapeurs phosphorées .
Ces mesures étant dérisoires, deux grandes grèves éclatent en 1893 et 1895 chez les ouvriers allumettiers pour réclamer la suppression du phosphore qu'ils obtiennent en 1898 .
Manufacture d'allumettes : emballage, 1906
D'après un article de Florence Fourré-Guibert
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