Les apothicaires, ancêtres de nos pharmaciens, ont été longtemps assimilés à des épiciers et ont eu fort à faire pour gagner leur lettre de noblesse face au corps des médecins.
Si la pharmacie médiévale a hérité des connaissances de la Grèce et de la Rome antique, puis, au XII ème siècle, des Arabes, cette science des remèdes, qui utilise les propriétés des plantes, des métaux ou des animaux, reste cependant très approximativement jusqu'au XIX ème siècle .
L'APOTHICAIRE : MÉDECIN OU ÉPICIER
Au XIII ème siècle, dans son livre Livre des métiers, Etienne Boileau assimile les apothicaires aux "ciriers" et "pevriers", vendeurs d'ustensiles de ménage et d'épices . Proposant des poudres, des drogues, mais aussi des confitures et des sucres, ils sont jugés avant tout comme des commerçants de bouche. Mécontents d'un tel statut, ils essaient de faire reconnaître leurs compétences spécifiques, mais se heurtent à la résistance des médecins, jalousement attachés à leur supériorité en matière de santé . La querelle est souvent vive, chaque partie accusant l'autre "d'abus, de tromperies et d'ignorance" et revendiquant pour elle le monopole de la préparation des remèdes . Les médecins sont souvent vainqueurs : si eux-mêmes peuvent fabriquer les médicaments, l'apothicaire, en revanche, ne peut délivrer de préparation sans ordonnance . En 1560, le Parlement de Paris confirme l'apothicaire dans son statut d'épicier .
UNE PROFESSION STRICTEMENT CONTRÔLÉE
Le métier d'apothicaire est organisé en corporation . L'apprenti s'instruit avec son père o chez un maître qui lui enseigne l'art de préparer les remèdes, ainsi que la botanique, la minéralogie, la zoologie . Des connaissances théoriques en latin, grammaire et rhétorique sont aussi exigées . Cet apprentissage terminé, le jeune devient compagnon et peut passer maître au bout de quelques années après avoir réussi ses examens et réalisé un chef-d'oeuvre .
VENDRE ET PRÉPARER
A l'origine, le pharmacien et l'apothicaire exercent des métiers différents : le premier vend des préparations déjà faites, tandis que le second les fabrique . Mais la plupart des apothicaires sont les deux à la fois . La boutique ouverte en ogive contient tout ce qui est nécessaire à la préparation des drogues, poudres et onguents / réchauds, mortiers de fonte, alambics .....
A la campagne, les colporteurs itinérants vendent aussi des médicaments . Ceux-ci, souvent très compliqués à préparer, mettent en jeu un grand nombre d'ingrédients qu'il faut broyer malaxer, mélanger ou distiller .
Cette prolifération répond à l'ambition des remèdes d'alors, qui est de soigner plusieurs organes à la fois .
D'après un article de Florence Fourré-Guibert
Intérieur d'une pharmacie (XVIII ème siècle )
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