Jadis, navigateur faisant fonction de pilote, sans autorité particulière sur l'équipage, le capitaine au long cours, "seul maître à bord", n'apparaît réellement qu'au XVI ème siècle avec le développement de la marine militaire et marchande .
De l'antiquité jusqu'au XVI ème siècle, les voyages maritimes se font dans le cadre limité des mers intérieures et des horizons côtiers . Les incursions en haute mer restent exceptionnelles . Cependant, la découverte de Amérique et l'extension du commerce lointain provoquent, à partir du XVI ème siècle, le développement du long cours, qu'on appelle alors "grosse aventure" et qui nécessite des compétences de navigations inédites .
TRACER SA ROUTE : LE PILOTE HAUTURIER
Sur un bateau, le navigateur est celui qui trace la route à suivre, chose longtemps difficile en haute mer . La boussole, inventée dès le XI ème siècle, n'est alors qu'une simple aiguille aimantée, enfilée dans un fétu de paille flottant sur un peu d'eau . Elle se perfectionne pour donner le compas, mais ne suffit pas à s'orienter . On suit encore son chemin à l'estime, par rapport à la position des astres, en observant, à l'aide de l'astrobale puis du sextant, la hauteur de la Polaire sur l'horizon (d'où le nom de hauturier donné au pilote de haute mer ) et en calculant la méridienne (hauteur du soleil à son passage au méridien) qui donne la latitude . On ne parvient pas à déterminer les longitudes qu'au XVIII èmè siècle avec l'invention du chronomètre . Le savoir des pilotes repose donc pour une grande part sur leur expérience pratique . On apprend sur le tas en navigant avec d'autres marins expérimentés . Ardue et essentielle, la tâche du navigateur ne lui donne pourtant pas autorité sur le navire : il dépend d'un chef d'expédition, qui souvent n'est même pas marin . Le titre de capitaine est encore réservé à l'armée .
UN OFFICIER DE MARINE
Leurs ambitions commerciales et militaires poussent, à partir du XVII ème siècle, les grandes puissances européennes à développer une flotte de guerre permanente . C'est la grande époque des voiliers de guerre commandés par un officier capitaine de vaisseau, qui doit savoir à la fois naviguer, commander et se battre . Maniant aussi bien l'astrobale et la boussole que le canon, expert en stratégie militaire, il doit aussi organiser la vie à bord et "tenir" équipage .A bord, il bénéficie d'avantages non négligeables . Disposant d'une cabine particulière, il mange avec les autres officiers dans le carré ou le mess, espace privilégié où les usages sont très codifiés . Ces officiers deviennent de plus en plus compétents grâce aux écoles royales de navigation dont les premières sont fondées par Richelieu, puis Colbert . Longtemps réservées aux seuls nobles, elles s'ouvrent peu à peu au XVIII ème siècle . En 1830, Louis-Philippe crée l'Ecole navale .
DU MAÎTRE AU CAPITAINE
D'autres écoles se sont tournées vers la marine marchande . En 1584, Henri III installe un enseignement officiel dans chaque port, qui fixe les compétences requises pour commander un navire de commerce . Est nommé maître ou patron celui qui suit cette formation et passe un examen oral en présence d'officiers de l'amirauté . L'ordonnance de 1681 exige au moins cinq ans de navigation pour passer l'examen . Le titre officiel est toujours celui de "maître", mais l'usage se répand de dire "capitaine" . A chaque embarquement, le maître reçoit une lettre de commandement ou "lettre de capitaine au long cours" qui l'autorise à diriger un navire . En 1725, en plus des cinq années de navigation, il faut avoir effectué 2 campagnes de trois mois sur les vaisseaux du roi et avoir au moins 25 ans pour passer l'examen. Le terme de capitaine au long cours apparaît officiellement pour la première fois dans une ordonnance de 1786 et devient un grade définitif en 1816 .
LA MARINE MARCHANDE : L'EXEMPLE DU CAPITAINE NÉGRIER
Au XVIII ème siècle, le commerce triangulaire constitue une grosse part des échanges atlantiques . Partant des ports français chargés de pacotille, les navires vont sur les côtes d'Afrique faire le plein d'esclaves qu'ils amènent en Amérique, avant de repartir en Europe les cales remplies de produits exotiques . Le capitaine négrier, recruté par un armateur, doit donc, en plus de ses qualités de marins et de meneur d'équipage, être un aventurier et surtout un bon commerçant, puisque c'est lui qui vend la cargaison humaine . Le voyage est long, les risques importants, mais les gains sont si considérables que nombre de capitaines finissent par devenir eux-mêmes armateurs .
LES VOYAGES SCIENTIFIQUES
Après les grandes découvertes, sous l'impulsion des Académies des sciences et de la marine, de grandes missions d'exploration sont organisées à la fin du XVIII ème siècle et au début du XIX ème siècle .Bougainville, capitaine de vaisseau en 1763, fait le tour du monde entre 1766 et 1769 . Lapérouse entreprend une expédition dans le Pacifique et périt dans un naufrage . Dumont d'Urville part sur ses traces puis, en 1840 découvre la terre d'Adélie (du nom de sa femme ) .
d'après un article de Florence Fourré-Guibert Annuaire pro libarticom
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