Jusqu'à la fin du XIX ème siècle, bougies et chandelles font partie du quotidien car elles restent souvent les seuls moyens d'éclairage dans les maisons . C'est dire combien ceux qui les fabriquent, les ciriers et les chandeliers, exercent une profession essentielle, d'autant plus que la cire est également utilisée pour les sceaux et cachets ainsi que pour les effigies .
Bien qu'étant proches, les métiers de cirier et de chandelier se distinguent par le matériau qu'ils mettent en œuvre . Le chandelier travaille avec du suif, obtenu à partir de graisses animales fondues et purifiées . Le cirier, lui, utilise de la cire d'abeille pour confectionner des cierges .
SUIF OU CIRE
En principe, ce n'est pas le chandelier qui prépare le suif . Il se contente de l'acheter pour ensuite le transformer en chandelle, en lui ajoutant une mèche . Mais il arrive qu'il se serve de la graisse mise de côté par les ménagères et il se déplace alors à domicile . En général, cependant, il travaille plutôt en atelier où il apprend son métier au cours d'un apprentissage qui dure six ans . La mèche allongée sur une table est entourée de suif . Les chandelles ainsi obtenues constituent le mode d'éclairage le plus prisé autrefois, en raison de son faible coût . Ce n'est qu'au XVI ème siècle que le terme "bougie" (qui dérive du nom de la ville algérienne Bougie, connue pour sa production de cire) s'impose peu à peu pour l'usage domestique, tandis que le cierge reste réservé à l'usage religieux . La bougie est longtemps un produit de luxe . N'ayant pas les inconvénients du suif qui fume et dégage de mauvaises odeurs, la cire est toutefois chère . C'est à l'apiculteur que revient le soin de la récolter et de la purifier . Le premier travail du cirier, qui l'achète en pains ronds, est de bien la choisir . En effet, il existe plusieurs qualités de cire, celle du Midi et de l4ouest étant réputées les meilleures . En outre, les fraudes ne sont pas rares : la cire est parfois coupée avec de la pomme de terre, du suif ou de la résine, et le cirier doit soigneusement l'examiner et même la goûter avant de l'acheter . La production de bougies est variée : énorme cierge pascal, bougie moyenne, petite veilleuse .
LA CHANDELIER ÉPICIER
Surnommé aussi chandelon, chandillier ou chandillon, le chandelier ne fabrique pas seulement les chandelles, mais souvent les vend ou les fait vendre . Chaque maître chandelier a ainsi le droit d'avoir 2 colporteurs qui "crient les chandelles dans les rues " : " chandelle de coton, chandelle qui éclaire plus de nulle étoile " ! Au XVII ème siècle, la profession s'associe à celle des huiliers pour devenir les "chandeliers-huiliers-moutardiers" mais, dans les faits, la moutarde revient aux vinaigriers . Peu à peu, les chandeliers deviennent des regrattiers, sortes d'épiciers qui, en plus des chandelles, vendent en petites quantités toutes sortes d'objets utiles au ménage, comme les verres, les allumettes, les clous, etc .
LE MAÎTRE CIRIER
La cire ne sert pas uniquement à fabriquer des cierges ou des bougies . Certains maîtres ciriers sont plus spécialement chargés de réaliser les effigies mortuaires des rois . Quand un souverain meurt, le maître cirier moule sa tête et parfois son corps tout entier, effigie qui est ensuite revêtue des ornements royaux et exposé sur un lit de parade, puis sur le cercueil au moment des funérailles . D'autres ciriers se spécialisent dans la confection de figures de cire . Au XVII ème siècle par exemple, les Parisiens peuvent venir voir dans une des salles de l'Hôtel-Dieu, moyennant 2 sous l'entrée, une crèche réalisée tout en cire et qui comprend une quarantaine de figurines . Le cabinet de Curtius, qui expose les figures des célébrités de l'époque, reste ouvert jusqu'en 1837 . Quant à Guilio Zummo, un sculpteur sur cire italien, il obtient de Louis XIV, en 1701, le monopole des reproductions anatomiques en cire et ...les louanges de l'académie de médecine car ses figures, réalisées d'après de vrais cadavres, sont de bons outils d'étude pour les étudiants en anatomie .
LA CIRE A CACHETER
La cire est également très utilisée, dès le Moyen Âge, pour les lettres et les sceaux . Parfois, le matériau n'est pas vraiment de la cire, mais une gomme laque fondue et colorée qu'on appelle "cire du Portugal" . Ces cachets sont si nombreux qu'il existe des valets chauffe-cire, officiers chargés de préparer la cire servant à sceller les expéditions de la chancellerie . Mais c'est au scelleur que revient la tâche de sceller les documents .
Affinage de la cire
D'après un article de Florence Fourré-Guibert
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