Utilisés dès la plus haute Antiquité, les flacons, petits récipients de verre, de métal ou de pierre, sont essentiellement destinés à contenir du parfum, mais aussi des épices ou du tabac .
Après avoir connu un certain déclin au début du Moyen Âge, ils réapparaissent en force à partir de la Renaissance . longtemps réservés aux plus riche, ils se généralisent au XIX ème siècle pour devenir un élément incontournable de la toilette féminine .
DROGUES EPICES ET PARFUMS
C'est à la Renaissance, qu'en France, la mode des parfums revenant, les flacons commencent à se multiplier . Certes, il en existait déjà au Moyen Âge, qui servaient, par exemple, à conserver en petite quantité les préparations des apothicaires ou les eaux aromatiques des gantiers-parfumeurs et des herboristes, mais c'est véritablement à partir des XV et XVI ème siècles que sont utilisés de nouveaux récipients pour le parfum sous toutes ses formes .
En poudre, il prend place dans de petits sachets appelés coussines . En pâte, il est conservé dans des boites ouvragées ou des flacons piriformes (en forme de poire) . En liquide, c'est encore assez rare à l'époque, on le verse dans de petits barillets en cristal ou en métal précieux . Pour le musc, l'ambre ou les résines, on se sert aussi d'un pomander, sorte de globe en métal contenant plusieurs compartiments qui se déploient, un peu à la manière de quartiers d'orange . Ce récipient, hérité de l'Orient, est muni, comme d'ailleurs les autres flacons, d'un anneau et d'une chaîne qui permettent de le porter à la ceinture, autour du cou ou encore au doigt . Avec la découverte de nouveaux mondes, le commerce des épices connaît, à la Renaissance, un essor considérable, permettant d'une part, la fabrication de nouvelles odeurs et, d'autre part, la consommation de produits comme le cacao ou le tabac . La gamme des récipients permettant de les conserver devient plus large, allant de la simple fiole de verre aux bouteilles les plus complexe et les plus luxueuses, du flacon de parfum à celui à priser qui permet de serrer son tabac . Leur usage cependant reste limité aux professionnels (apothicaires, parfumeurs, épiciers...) et surtout à la noblesse et à la haute bourgeoisie .
LES DELIRES BAROQUES
Sous l'Ancien Régime, la mode des parfums est à son comble . Les flacons se multiplient dans les intérieurs aisés . Souvent fabriqués en matériaux précieux, or, argent, émaux, pierres dures, ils constituent de petits chefs-d'oeuvre d'orfèvrerie et, à la fin du XVII ème siècle, le style baroque produit des pièces très complexes, comme ces petits coffrets qui peuvent supporter ou contenir plusieurs flacons . L'exotisme est à l'honneur, comme dans ce porte-parfum figurant un cheval avec deux personnages indous réalisés en ivoire et incrustés d'émail, d'argent et de diamants, reposant sur un socle d'ébène . Au XVIII ème siècle, la mode est plutôt à la porcelaine ornée de chinoiseries (Chantilly), de fines dorures (Saint-Cloud) ou de scènes de genre, et au cristal monté d'or et d'argent, comme en produisent les nouvelles manufactures de Baccarat (1765) ou de Saint-Louis (1767) . Ces flacons adoptent parfois la forme d'un animal ou d'un personnage . Etuis et coffrets réalisés en émail, en laque, en nacre, en écaille, en ivoire ou en galuchat (peau de requin ou de raie) sont parfois assez grands et contiennent, outre des flacons, tout le nécessaire à toilette (ciseaux, pincettes, gratte-langue, bâtonnets pour les oreilles, cure-dent ...) et, parfois, les indispensables de l'écriture (crayon, tablette d'ivoire pour prendre des notes, taille-crayon...) . Au siècle suivant, certains coffrets en acajou ou en bruyère peuvent contenir plus de cent pièces . Apparaissent aussi des vases servant aux pots-pourris et des "vinaigrettes", flacons servant à recevoir du vinaigre aromatisé, réputé vivifiant, et une éponge qui en est imbibée .
QUAND LE FACON SE DEMOCRATISE
Au XIX ème siècle, des pièces plus ordinaires, produites de manière industrielle, commencent à se répandre partout . Il s'agit essentiellement de flacons de verre ou de cristal à facettes, parfois ornés d'un camée en stéatite, dont les formes restent simples . Il semble alors que le flacon devienne un objet courant, appartenant au paysage banal de la toilette féminine . Dans ses tableaux, Femme qui se lave (1896), ou Femme qui lace son corset (1896/97), Toulouse-Lautrec nous montre ainsi la présence de flacons sur de simples tables de toilette, de même que Degas dans Jeune femme au miroir (1889) . Le vaporisateur, inventé en 1859 à des fins thérapeutiques pour les établissements thermaux, est utilisé dans la parfumerie à partir de 1870 et connaît lui aussi un franc succès . L'industriel Léopold Franck le produit en série dès 1880et inonde le marché des grands magasins : Le Printemps, Le Bon Marché ou les Galeries Lafayette . cette démocratisation n'empêche pas certains flacons de rester des objets de luxe, reflets de la création plastique de leur temps . Les artistes Art Déco, comme Emile Gallé ou René Lalique par exemple, en créent ainsi un certain nombre .
D'après un article de Florence Fourré-Guibert
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