Selon la thèse défendue par le généticien britannique Bryan Sykes, tous les Européens d'aujourd'hui descendraient de seulement sept femmes ayant vécu, pour six d'entre elles, à la fin du paléolithique, et la dernière au néolithique . Cette généalogie de l'Europe est-elle crédible ?
Bryan Sykes a le sens de la formule . Vous voulez savoir de quelles migrations vous êtes issus ? Pas de problème, passez un test ADN et vous connaîtrez même le nom de votre plus lointaine aïeule . Plus rien ne doit vous étonner, la génétique permet de retrouver la trace de l'une de vos ancêtres qui vivait au paléolithique, soit entre -50 000 et -10 000 ans avant J.C, ou bien au néolithique , soit entre -9000 et -3000 ans avant J.C !
UNE ENQUETE SUR 6000 FEMMES
Tout cela pourrait paraître fumeux et pour le moins fantaisiste, si la thèse de ce très sérieux professeur de génétique de l'institut de médecine moléculaire d'Oxford ne s'étayait sur une enquête génétique sans précédent .
Bryan Sykes s'appuie sur le déchiffrement de l'ADN mitochondrial de 6000 femmes françaises, russes, norvégiennes ou espagnoles .
Cette enquête à grande échelle a démontré que 7 souches différents et très fréquentes revenaient obstinément parmi les échantillons . Comme l'ADN mitochondrial ne se transmet que par les femmes, ce professeur a eu l'idée de scénariser cette découverte des 7 séquences souches de l'ADN et de leur donner des prénoms .A part cette adaptation visant le grand public, tout le reste est scientifique, si elle discute les détails de l'interprétation, n'a jamais mis en doute le fond du raisonnement .
LA MERE GENETIQUE DE L'HUMANITE
Bryan Sykes est connu pour ses travaux sur Ötzi, l'homme préhistorique sorti des glaces des Alpes italo-autrichiennes, ses études sur les premiers peuples de Polynésie et son enquête sur les restes de la famille du tsar de Russie . Il est devenu célèbre après avoir relié l'homme de Cheldar à ses descendants d'aujourd'hui . Ce chercheur est parti d'une thèse des années 1980 selon laquelle tous les êtres humains descendent d'une seule et même femme africaine . Cette vénérable "mère de l'humanité moderne" vivait au temps des homo sapiens, soit il y a environ 150 000 ans . En interprétant l'ADN de plusieurs milliers de personnes, il s'est aperçu que l'ensemble de l'humanité se résumait à 33 séquences différentes d'ADN et que 7 d'entre elles étaient présentes à plus de 90 % dans l'Adn des Européens .
La présentation attrayante faite par le professeur Sykes ne doit pas laisser croire que seules 7 femmes ont eu des enfants au paléolithique et au néolithique ! Bien évidemment, elles sont des milliers à avoir anfanté . Mais 7 seulement apparaissent dans le système de mutation génétique observable aujourd'hui dans l'ADB de chacun d'entre nous . Seules ces 7 femmes ont eu une descendance jusqu'au XXI e siècle . Pour les autres, elle s'est éteinte avant .
LA GENEALOGIE DES CHASSEURS-CUEILLEURS
Ces 7 femmes, loin d'être symbolique, ont bien existé puisqu'elles nous ont légué leur bagage génétique . Il faut savoir qu'il y a 150 000 ans, l'espèce humaine se composait en tout et pour tout de 1000 à 2000 individus . Au paléolithique et au néolithique, les habitants étaient déjà un peu plus nombreux, mais il n'est pas invraisemblable que seulement 7 femmes de cette large échelle de temps soient à l'origine de plus de 650 millions d'habitants vivant dans l'Europe d'aujourd'hui . Mieux même, par sa découverte, le bouillonnant professeur a totalement remis en question la thèse dominante selon laquelle les Européens descendraient d'agriculteurs venus tardivement du Moyen-Orient . Selon lui, la génétique montre que le peuplement de notre continent s'est fait bien avant, par des chasseurs-cueilleurs . Sa thèse a été confirmée par d'autres enquêtes scientifiques, notamment par l'ADN des hommes (le chromosome Y) .
VOTRE GRAND-MERE DE 50 000 ANS
Car la généalogie génétique permet de savoir à quelle période s'est produite la mutation du gène et donc -plus poétiquement- de donner un âge aux 7 femmes souches de l'Europe . Au rythme moyen d'une mutation de l'ADN tous les 10 000 ans, le généticien peut dire à quelle époque vivait la femme qui est au début de chaque mutation . Ensuite, la comparaison des mutations génétiques avec l'axe connu des déplacements de population en Europe permet de savoir d'où venait l'aïeule ! Incroyable, non ? Mais quand même vraisemblable .
D'après article de Guillaume de Morant
Eve , 1896, de Lucien Levy-Dhurmer
http://www.facebook.com/BERNE.genealogiste
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