dimanche 9 novembre 2014

LES ABEILLES DANS LES TOPONYMES

Le miel est demeuré longtemps la seule source de sucre en Occident, dont la récolte a fait l'objet de réglementation très anciennes . Il n'est donc pas étonnant de retrouver des toponymes faisant référence aux abeilles ou aux ruches . Mais tous ceux dérivant des mots se rapprochant d'abeille n'y font pas pour autant référence . 
Le noms des lieux, souvent des microtoponymes, signalent en effet soit la présence d'essaims sauvages, soit celle d'une activité apicole importante . Mais l'abeille peut aussi être souvent une déformation du terme abbaye, beaucoup de parlers régionaux le déformant en abaye, puis en abeille
C'est probablement le cas, par exemple, pour La Roche l'Abeille en Haute Vienne ou pour Abeille en Charente Maritime, qui signalent plutôt la présence sur leur site d'anciennes abbayes . D'autre part, abeille est une variante (avec bilhe, billard, beille ou abehlen, abeilhan...) de bille, terme issu du gaulois bilia, qui désigne une arbre ou un tronc . Il semble néanmoins que ce mot, qui a donné par ailleurs les noms communs bille de bois ou billot, ait peu survécu dans les noms propres . 
Attention aussi à Abella, Abellan ou Abère qui se référent à une variété particulière de noisette . 



L'ABEILLE 


Les nombreux lieux-dits formés à partir du mot "abeille" signalent pourtant le plus souvent la présence de ruches à cet endroit . tel est le cas par exemple du "champ de l'abeille" (Bourbonnais) ou encore de la "roche aux abeilles" . Le terme dérive du mot latin apis, lui-même diminutif d'apicula, qui a gagné l'ancien français via le provençal abelha et a donné naissance à plusieurs variantes . Roquebillière, dans les Alpes-Maritimes par exemple, s'est un temps appelée Rocca Abigliera ou Roccabigliera, "la roche des abeilles", en raison, nous dit un moine érudit en 1850, de sa "position sur un amas de rochers où de nombreux essaims d'abeilles avaient construit leurs ruches". Il est probable que les habitants du village allaient récolter ce miel sauvage directement dans les anfractuosités de la roche, comme c'était assez courant à l'époque, trouvant là un complément de revenu bienvenu . La commune de Cap d'Ail pourrait aussi tenir son nom, nom pas d'l'ail, mais de l'abeille, un de ses premiers noms étant Cap d'Abeglio . Il existait en effet à cet endroit un poste fortifié avancé, la Torre d'Abeglio, la "tour des abeilles" qui aurait ensuite donné son nom à l'ensemble du quartier où elle se trouvait, puis à la commune née plus tard . D'autres termes régionaux désignent l'essaim, par exemple le chame, toujours dans les Alpes-Maritimes . Ce dernier département est d'ailleurs particulièrement ricge en toponymes apicoles car la région, montagneuses et riche en fleurs à miel, accueille depuis très longtemps de nombreuses ruches . On peut par exemple citer le Roc d'Abei, le col de l'Abeille, le col d'Abeic ou encore la Roche d'Abei . 


LES RUCHES ET LES ESSAIMS 


Le miel sauvage ne suffisant pas à combler les besoins en miel, le nombre de ruches et d'apiculteurs se multiplie au Moyen Âge et les mots qui les désignent également . Les plus fréquents sont des variantes du terme apier, le rucher, qui donne aussi apcher, apchiier, achier, apchin, acher ou encore achère . Tous dérivent du latin apiarum, l'essaim d'abeilles . On les retrouve dans certains toponymes comme Achères (Yvelines) ou Achère en Forêt (Seine et Marne) par exemple . D'autres mots plus ou moins régionaux signalent ici ou là la présence de ruches : bezaine, bigre ou bigrerie qui signifie ruche en ancien français, borne ou bournat qui s'emploient en occitan, bregnon présent dans le Sud Ouest, paillasson ou panier qui font allusion aux ruches de paille très fréquentes autrefois . La brèche désigne plusieurs rayons de miel, tandis u'en Ariège le buc est une ruche creusée dans un tronc . La catoire ou chaptois, ui veut dire ruche dans le Nord, est dérivée du latin Captorius, en écho à la capture des essaims sauvages dans les ruches . Quant à châtre, il peut parfois signifier prélever le miel et la cire . Attention cependant à ne pas confondre avec une variante de castre, qui désigne alors un ouvrage défensif . Curieusement, le latin alvus ou auvier en ancien français, a donné assez peu de toponymes . 




                 Village de Roquebillière anciennement Rocco Abiglica, la roche des abeilles




La ruche . L'ancien Pavillon des vins de l'Exposition Universelle de 1900






Vue de Cap d'Ail anciennement Cap d'Abeglio 





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