Ecclésiastique chargé d'une paroisse, le curé tient une place centrale dans la société de l'Ancien Régime .Il est bien rare qu'on n'en compte pas quelques-uns parmi les frères de ses ancêtres .
Les conditions d'existence du curé sont bien loin d'être idéale :clerc de second ordre, il est souvent pauvre et méprisé par sa hiérarchie .
LA PAROISSE
La paroisse, subdivision du diocèse, est une circonscription religieuse, représentant à la fois un territoire et une communauté d'"âmes", confiée à un curé . Sous l'Ancien Régime, elle constitue aussi la cellule de base de l'Administration . Une ville comprend plusieurs paroisses, et une paroisse rurale peut regrouper plusieurs hameaux . Chacune d'elle a son clocher, dédié à un saint patron .
La paroisse est au centre de la vie . Sous l'Ancien Régime, l'acte de baptême est la seule base légale de l'existence de quelqu'un . Mariages et enterrements sont religieux, les cloches rythment le quotidien et l'église sert de salle de réunion .
UN CURE INFLUENT
Le curé occupe donc une place privilégiée .Outre la pastorale, il est chargé de tenir le registre des baptêmes, des mariages et des sépultures, et d'assumer certaines tâches administratives :diffusion des ordonnances royales, auxiliaire de justice ....Souvent issu du pays, menant une vie modeste, il est très écouté de ses paroissiens qui lui demandent son assistance matérielle et spirituelle, spiritualité souvent teintée de superstitions . On le sollicite ainsi pour faire fuir les orages, bénir les récoltes ou chasser les mauvais sorts .
Au XIX ème siècle, le curé garde une grande part de son aura, mais son statut s'effrite. Dans les régions christianisées, on vénère encore son image, souvent enjolivée, du "bon curé de campagne" qui, visitant les familles, assistant les pauvres et vivant en ascète, est parfois assimilé à un saint, tel le curé d'Ars . Dans les villes et dans les pays en voie de déchristianisation, au contraire, le prêtre, exposé à toutes les médisances, vit dans une grande solitude morale . Mais partout, au cours de ce siècle, après la parenthèse révolutionnaire qui a provoqué la mort ou la déportation de milliers de curés, la pratique religieuse reste plus faible qu'aux siècles précédents, malgré la multiplication des pèlerinages et des missions .
LA CONCURRENCE DES NOTABLES
Dans les campagnes, le curé est, avec le seigneur, un notable incontesté même s'il doit compter avec la fabrique (assemblée de villageois, composé de 3marguilliers, qui gèrent le temporel de l'Eglise : l'église, le presbytère, l'enclos paroissial....)
Après la Révolution, le maire, représentant l'Etat, prive le curé de son rôle administratif . En 1882, la loi sur l'enseignement public et obligatoire fait de l'instituteur laïc un autre concurrent redoutable : instituteur "du diable" et curé deviennent ennemis jurés .
UN TAS DE MANANTS TREMPES DANS L'ENCRE
Cette formule d'un moine cistercien montre combien le curé est méprisé par sa hiérarchie . Appartenant au second ordre du clergé séculier, le curé est souvent pauvre, peu instruit et surtout roturier, puisqu'il vient de la moyenne bourgeoisie urbaine ou de la paysannerie aisée . Il bénéficie cependant des privilèges accordés aux clercs, entre autres l'exemption d'impôt et de service militaire .Pour accéder à la prêtrise, il faut avoir plus de 24 ans, avoir bonne réputation, n'être ni bâtard, ni fils de prêtre encore moins d'hérétique . Les premiers séminaires s'ouvrent au XVII ème siècle .Ils ont pour but d'instruire les prêtres qui, bien que peu cultivés, savent lire et écrire, et surtout de les rendre dociles avec les évêques qui ont tout pouvoir sur eux .
Au XIX ème siècle, beaucoup de curés sont devenus érudits qui s'adonnent à l'archéologie, à l'histoire ou à la botanique . La prêtrise est aussi un bon moyen de promotion sociale et intellectuelle .
CURE "CROTTE"
Pourtant, le curé, surtout dans les campagnes, est souvent "crotté", c'est-à-dire pauvre . Sous l'Ancien Régime, on distingue :
Les curés bénéficiers ou décimateurs qui vivent des dîmes et du produit des terres attribuées à l'Eglise . Exploitant agricole, le curé consacre alors plus de temps à ses affaires qu'à celle du ciel .
Les curés à portion congrue qui reçoivent de l'évêque, de l'abbaye ou du seigneur, un salaire, complété par le casuel (argent perçu lors des baptêmes ou sépultures), ce qui ne suffit pas à vivre décemment .
Le curé, bénéfice mineur, est tenue pour un bien patrimonial qu'on peut céder par le biais de la résignation :le curé en place démissionne en faveur d'un bénéficiaire qu'il choisit lui-même . C'est pourquoi l'évêque nomme finalement une minorité de curés . Au XIX ème siècle, les prêtres sont payés par l'Etat ou la commune, jusqu'à la loi de séparation de l'Etat et de l'Eglise de 1905
D'après un article de Florence Fourré-Guibert
Le catéchisme en juin 1898
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